A l'issue d'un rush final de toute beauté, la
pensionnaire de Louis Baudron est venue régler le sort du Bazire
Fabrice Axe, qui semblait parti pour la gloire à l'entrée de la ligne
droite.
La grande prétresse des astres, Elizabeth Teissier, qui prend sa
retraite à la fin de l'année 2009. Voilà une nouvelle révolutionnaire qui
auraient dû, selon certains, empêcher les planètes de tourner rond. A défaut de
ne pas toujours fonctionner normalement, celle du monde hippique semble encore
avoir de beaux jours devant elle. Comme bon nombre de diseurs de bonne, mauvaise
aventure et autres illuminés venus prodiguer leur pseudo science ce dimanche
dans le hall de Vincennes.
Pour être fin tacticien au sulky, pas encore besoin de savoir lire
dans le crottin de cheval. Etre né sous une bonne étoile peut servir, c'est
indéniable, mais n'est pas une condition sine qua non de réussite. Avec comme
grands-pères Roger Baudron ("la science"), Jean-Pierre Dubois et comme géniteur
Gilles Baudron (Useria et Kemilla), Louis ne se voyait pas lancer dans le monde
des courses par le chemin le plus tortueux qui soit. Si de solides bases
génétiques existent, encore faut-il les renforcer par de fortes doses de travail
et de modestie. Histoire de faire perdurer une tradition familiale bien ancrée.
Avec Priscilla Blue, élevée par sa mère Véronique Dubois, le jeune homme avait
déjà connu un brillant succès en janvier dernier dans le Prix Helen Johansson.
“Elle est toujours au mieux pendant la période hivernale”, ajoute-t-il. Les
résultats de ce dernier meeting ne seront pas là pour le contredire. Un succès
aux forceps face à Nyssia Volo dans le Prix de Montignac-Charente, un autre
autoritaire au monté dans le Prix Auguste François. Et que dire de ce dernier
dominical. “A l'entrée de la ligne droite, j'ai cru que nous allions devoir
nous contenter de la deuxième place”, concède le futur lauréat. Mais la fille
d'Extreme Dream, déferrée des quatre pieds, s'est mise à plat ventre, une fois
les oeillères abaissées, pour aller chercher Jean-Michel Bazire et Fabrice Axe qui semblaient avoir creusé un écart décisif. Après Must d'Olivier et Matthieu
Abrivard, voilà le siffloteur des pelotons a nouveau maté sur le fil par
l'audace de la jeunesse. Si le Sulky d'Or pouvait s'en vouloir dans le Prix de
Saint-James de n'avoir focalisé son attention que sur le scandinave Brioni et
de n'être finalement battu que par excès de confiance, il ne peut guère
se reprocher cette fois d'avoir été trop présomptueux. Il peut juste
regretter, compte tenu des circonstances de course, d'avoir pris le
large un peu tôt dans le tournant final. Libre ensuite à lui d'aller
consulter une cartomancienne pour savoir si pareille mésaventure se
reproduira une troisième fois avec le représentant de Claudine Minier.
Pas besoin de boules de cristal, en tout cas, pour affirmer que Louis
Baudron pourra compter sur sa Priscilla pour porter haut ses couleurs dans le Championnat du Monde du trot
monté dans quinze jours. Quant à son résultat, la glorieuse incertitude du sport
laisse libre cours à toutes les hypothèses.